domingo, 11 de julho de 2010

Impressions (suite)


Néanmoins, en quelques jours j’ai senti la dureté du Congo : j’avais connu une de nos managers congolaise le lundi, et le vendredi elle est morte d’une méningite fulminante ; ce vendredi même au soir il y a eu l’explosion du camion citerne à 200km d’ici qui a fait plus de 200 morts, et le lundi au bureau en recevant les rapports de nos agents je lis « La situation sécuritaire s’est dégradée ces derniers temps dans la plaine de la Ruzizi depuis la planification d’une attaque des FDLR par les FARDC et aussi suite aux élections du Burundi. Des bus de transport en commun sont attaqués et dévalisés, des personnes tuées…Cette situation a un impact sur le déroulement normal des activités car, certains coins lointains sont rarement fréquentés par l’équipe. »
Et souvent nos équipes sont confrontés à cela dans le terrain..j’en saurais plus une fois que je l’aurais vécu mais tout de suite la réalité du Sud Kivu telle que tu la lis sur les rapports internationaux te rattrape et tu as du mal à concilier cela avec la belle ville de Bukavu, le lac, les fêtes et l’hotel Orchide.

Je vois déjà qu’en termes de travail c’est un grand changement de New York, j’ai beaucoup plus de responsabilités et je suis censée de gérer directement 50 personnes qui sont dans le terrain, et de superviser nos travaux de construction – qui sont le produit de notre programme de gouvernance communautaire – dans 327 villages !! Depuis le premier jour on me demandait quoi faire, de créer un outil pour améliorer la performance du staff, de donner mon avis sur nos outils de formation..un peu le stress, mais « ça va aller » comme disent les congolais tout le temps ici. Personne n’attend que je révolutionne la maison en 1 semaine, ce qui me tranquillise. 

En parallèle de mon travail, des étudiants de PhD de Columbia sont arrivés hier. Ils viennent avec leur millions d’idées brillantes mais souvent impraticables dans nos contextes où les gens ont un taux d’alphabétisation déplorable – et comptent sur moi pour leur donner plus de détails sur le programme, programme dont je connais à peine, ou au mieux, que sur le papier, théoriquement. Ils restent pendant 6 mois et je dois leur aider dans l’organisation d’une enquête de 600 villages (nos 300 villages qui sont le groupe de traitement, et autres 300 qui sont le groupe de contrôle). Ils sont ici pour tester l’impact de notre programme de reconstruction dirigée par la communauté ou Tuungane « agir ensemble » en Swahili. 

C’est très intéressant mais quand tu leur parles tu sens la déconnexion du monde académique du monde du terrain..les préoccupations sont entièrement différentes : ils viennent avec leur rigueur méthodologique et les gens d’ici sont plutôt préoccupés avec des problèmes de logistique : est-ce que la communauté a bien reçu l’argent, est-ce que nos motos sont en bon état pour aller dans le terrain ? Moi je me sens un peu entre deux, d’un côté j’aime bien le stimulus intellectuel de ces enquêtes et je respecte le monde académique, duquel je faisais partie jusqu’à maintenant, mais de l’autre ici mon rôle a changé et est beaucoup plus terre à terre.

La semaine prochaine je pars au terrain, où je vais rester  quelques jours. J’ai hâte de voir nos projets, de parler avec les gens. Au fait c’est pour cela qu’ils ont crée mon poste: pour avoir quelqu’un qui ait le temps de parler avec le staff du terrain, de prendre note de leurs observations et les prendre en compte. Au lieu de faire la course pour avoir le plus gros nombre de projets construits, ils veulent que les principes de gouvernance soient mieux compris, et surtout utilisés une fois que le projet fini et qu’ils doivent l’entretenir. Le seul petit problème c’est que dans les milieux ruraux les gens ne parlent pas trop français, ou le swahili congolais ou bien le Mashi..Donc ce soir ça y est, j’aurais mon premier cours officiel de swahili. J’avais déjà des livres de la Tanzanie que je relis de façon un peu paresseuse, donc la il faut que je m’y mette.  C’est un peu frustrant de ne pas comprendre tout ce que les gens disent, donc j’espère que cela va agir comme un stimulus pour apprendre vite.

J’ai vraiment envie de partir et voir le reste du Sud Kivu, de marcher dans la nature et voir les défis réels de notre programme – pas seulement les obstacles administratifs et logistiques, ce qui est ce que je suis censée faire les 2/3 de mon temps. Donc cela promet. Mais je dois avouer que ce ne doit pas être facile de rester des années ici, on se sent quand même pas mal déconnecté, surtout qu’Internet marche lentement. Mais au moins elle existe et au travail elle est suffisamment bonne pour faire des appels skype, donc je ne peux pas me plaindre.

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